Interview de M. Karl OLIVE – Maire de POISSY
Publié le 15/02/2021
Interview de Monsieur Karl OLIVE, Maire de la ville de POISSY – le 12.02.2021
Vous trouverez ci-après, l’interview de M. Karl OLIVE, Maire de POISSY depuis 2014. Il fut, entre autre, Président de l’A.S. POISSY de 2004 à 2008.
► M. le Maire, dans le contexte que nous vivons actuellement, comment le premier élu de la ville de Poissy que vous êtes a-t-il ressenti l’impact de la pandémie de la Covid- 19 sur les clubs sportifs de votre ville et, en particulier, sur l’A.S. POISSY (National 2), dont les matches de championnat ont été de nouveau suspendus et reportés sine die ?
La réalité, c’est la Covid-19 qui, malheureusement, nous « guide » et pas l’inverse. Nous nous devons donc d’être pragmatiques.
En premier lieu, ayant été élu Maire au 1er tour des élections municipales le 15 mars 2020 à POISSY, avec 75 % des voix, j’ai dû, le soir même de mon élection, à 22 h, organiser dans la ville les mesures de confinement gouvernementales, « 7 jours sur 7 ».
Il nous fallait en effet gérer au mieux, dans des conditions efficaces, la vie de la ville de POISSY et de ses habitants pour pallier les effets de la pandémie.
Comme le disait J.F. KENNEDY : « Ne demandez pas ce que le pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays » ; il nous fallait agir.
Immédiatement, nous devions faciliter la vie quotidienne des Pisciacais pour faire face à la pandémie.
Concrètement, nous avons mis à la disposition de nos concitoyens des masques de protection, du gel hydroalcoolique, et des thermomètres de prise de température.
Nous avons aussi créé en mars 2020 un cabinet de consultation au Centre de Diffusion Artistique de la ville qui est devenu, en octobre 2020, un centre de dépistage de la Covid-19.
Ce centre est devenu le premier centre de vaccination de France en janvier 2021.
► Quelles mesures la ville de POISSY a-t-elle pu concrètement prendre pour aider ses clubs locaux dont l’A.S.POISSY (Football) dans les différents domaines concernés : mise à disposition ou non de structures d’entraînement, de maintien en forme, de réathlétisation ; moyens financiers complémentaires compensatoires de perte de recettes, d’aide au paiement de salaires et charges sociales associatives, … outre les aides éventuelles étatiques, régionales, départementales et fédérales mises en place pour aider les clubs ?
Sur le plan sportif, là encore, nous avons adopté une démarche pragmatique.
Notre objectif était de maintenir ouverts les stades, les gymnases et les halles sportives.
Pour ce faire, nous avons mis au point un protocole sanitaire destiné au monde sportif qui lui permette d’accéder aux enceintes sportives et de continuer leur pratique sportive.
Ce protocole a été finalisé de concert avec les Présidents des Associations Pisciacaises, les services concernés de la Mairie, puis validés par le Préfet des Yvelines et l’Agence Régionale de Santé.
Concrètement, il faut bien se représenter, par exemple, qu’un terrain de football couvre une superficie d’environ 6 000 m2 et qu’un sportif en activité utilise 4 m2, de quoi laisser s’entraîner une équipe de 15 joueurs (équipe de National 2) sur le terrain de football.
Il faut bien sûr préciser que le contrôle du respect de ce protocole a été régulièrement appliqué, parfois de manière inopinée, par les agents communaux, dans les enceintes sportives : à l’entrée et à la sortie des terrains, vestiaires et douches.
S’il avait été constaté un non-respect, une mesure immédiate d’exclusion de l’équipement sportif aurait été prise.
Sur le plan économique, Il faut rappeler que l’Etat assure l’indemnisation de 84 % des salaires des personnes en situation de chômage technique, que le Département des Yvelines indemnise, de son côté, les commerçants et les chômeurs partiels, et que la Région Île-de-France dispose aussi de tout un arsenal d’outils et d’aides diverses.
Toutes ces aides sont de l’argent public, sujettes à contrôle de la Cour des Comptes (nationale ou régionale) et donc doivent être correctement utilisées.
À POISSY, qui verse des subventions municipales à ses clubs, le suivi des finances des clubs est élaboré sur la base d’un « budget sincère à l’instant T ».
Cela signifie que la ville verse, après la délibération du Conseil Municipal, 50 % de la subvention votée et le solde dans un second temps.
C’est dans cette seconde phase qu’il est pris en compte le temps le temps d’inactivité du club concerné pendant la saison, par exemple, 5/12èmes durant la saison 2019/2020, puisque, pendant cette période, le club n’a plus supporté les charges habituelles d’exploitation (salaires, frais de déplacement, d’organisation de manifestations,…) découlant de ses activités sportives habituelles alors que, dans le même temps, il a pu bénéficier d’aides financières diverses.
La réalité économique et financière globale du club est donc prise en compte de telle sorte qu’il puisse bénéficier de l’intégralité de l’équivalent de la subvention nominale prévue nécessaire à son activité, soit directement, soit par compensation d’aides financières extérieures.
► Une coordination avec les différentes structures publiques ou fédérales ci-dessus citées a-t-elle eu lieu à cet égard ?
Une coordination avec ces structures a nécessairement eu lieu pour prise de connaissance des mesures financières d’aides aux clubs, adaptées aux clubs de la ville et synthèse finale (« le budget sincère à l’instant T »).
► Quelles mesures d’aide ou de facilitation la ville de POISSY a-t-elle pu prendre à l’égard, en particulier, des plus jeunes et des scolaires, mais aussi des adultes (Seniors compétiteurs) pour leur faciliter néanmoins la pratique, même « cadrée » de leur sport (LE football, en particulier) ?
Pour ce qui concerne le football, l’A.S. POISSY a régulièrement ouvert, avec l’accord et le soutien de la ville, des entraînements et DES activités pour les jeunes du Club et les scolaires.
Le protocole sanitaire a, là aussi, été strictement respecté.
Les seniors de l’équipe première de National 2 ont pu continuer de s’entraîner, comme nous l’avons vu.
En parallèle, l’A.S.POISSY a, par exemple, durant la période de la pandémie empêchant le déroulement de matches de football, associé les jeunes joueurs U 19, encadrés par leur entraîneur Lotfi AOUADHI, à des opérations citoyennes et civiques , par exemple, de nettoyage dans certains quartiers de la ville, et de vente de gâteaux sur le marché de POISSY pour préparer et financer leur participation à un tournoi de football extérieur, quand la situation sanitaire le permettra.
► Quelle concertation avez-vous pu prendre avec les dirigeants des clubs sportifs concernés et de l’A.S. POISSY (Football), en particulier, pour prendre les mesures adéquates face à la situation rencontrée ?
Bien entendu, les dirigeants des clubs sportifs de la ville, dont l’A.S. POISSY, ont été étroitement associés à la définition des mesures prises et à la mise en œuvre de celles-ci dans les enceintes sportives car il s’agit bien, comme point de départ et priorité, d’assurer l’intégrité et la santé des sportifs dans l’exercice de leur activité sportive dont sont responsables, par ailleurs, les dirigeants associatifs.
► Comment ressentez-vous l’avenir des clubs sportifs – dont celui de l’ A.S. POISSY (Football) qui vit un mauvais début de saison sportive et qui a d’ailleurs changé récemment d’entraîneur, avec la crise sanitaire qui se prolonge, sans fin évaluée …
La situation actuelle pose question.
Nous nous trouvons dans une situation qui ne nous permet plus d’établir des plans à moyen terme ou même pour de plus courtes périodes.
Nous nous trouvons obligés de travailler « à flux réel », « au fil de l’eau », et de nous adapter sans cesse aux circonstances nouvelles et à prendre, quand il le faut, de nouvelles mesures appropriées.
Pour une ville comme POISSY, l’impact financier de la Covid-19 est de 2,5 millions d’euros.
Ses finances se trouvant restreintes, il faut espérer que les entreprises privées agissant en tant que sponsors ou mécènes de l’A.S. POISSY continueront de lui apporter leur aide financière.
Pour ce faire, bien sûr, les liens entre le club et ses partenaires devront être raffermis et développés au maximum durant cette période délicate pour tous, ce qui suppose des actions relationnelles confortées d’accueil des dirigeants de ces partenaires qui, elles seules, permettront de maintenir le lien social et sociétal et de maintenir, dans le même temps, la bonne image sportive de la ville de POISSY.
► Continuerez-vous d’aider les clubs locaux, sous quelque forme que ce soit ?
Bien sûr, dans les conditions dont nous avons parlé plus tôt.
La ville de POISSY a une ancienne et vraie tradition sportive qu’elle souhaite entretenir et elle aime ses clubs sportifs, souvent proches du meilleur.
► Quelles sont les vraies difficultés rencontrées aujourd’hui par une collectivité territoriale dans le domaine sportif ?
La vraie difficulté à résoudre est, à l’heure actuelle, celle de la résolution de l’équation de compatibilité entre le maintien de la santé publique au sein, notamment, des acteurs du monde sportif, et faciliter, dans le même temps, l’ouverture des lieux de pratique sportive.
► La politique sportive de la ville de POISSY va-t-elle être modifiée pour faire suite à l’impact de la crise sanitaire, sociale et économique résultant de la Covid-19 ?
La dimension politique de la situation engendrée par la Covid-19 ne peut échapper à personne ; il nous faut constamment être le plus proche possible de la réalité et définir les moyens les plus justes et adaptés pour maintenir l’activité sportive.
► Une dernière remarque, M. le Maire ?
Oui, j’ai apprécié la vision très pragmatique d’appréhender les choses de la part du Préfet des Yvelines et de l’Agence Régionale de Santé et je ressens une certaine empathie envers tous les clubs de National 2 qui ne peuvent pas, comme l’A.S. POISSY, avoir accès au stade jusqu’à 20 h et s’entraîner dans des conditions normales, comme le club de PLABENNEC.
Propos recueillis par Jean-Loup LEPLAT, commissaire de la P.I.C., lors d’une interview téléphonique le 12 février 2021.